Par Marion Pezard, naturopathe diplômée du CENATHO et fondatrice du podcast Healthy Living
Chaque mois de l’année met en lumière une cause à soutenir, et celui de mars est dédié à la lutte contre l’endométriose, alors parlons-en !
Qu’est-ce que l’endométriose ?
La Haute Autorité de Santé nous dit « la définition de l’endométriose est histologique : présence de glandes ou de stroma endométrial en dehors de l’utérus. C’est une maladie multifactorielle, résultant de l’action combinée de facteurs génétiques et environnementaux, et de facteurs liés aux menstruations ».
Dans la réalité, on apprend que les cellules d’endométriose ne sont pas à proprement parler des cellules d’endomètre bien qu’elles y ressemblent. Dr Susan Evans & Deborah Bush écrivent dans leur ouvrage Endometriosis and pelvic pain : « Le tissu n’est pas identique à la muqueuse utérine, mais il semble similaire sous un microscope ».
Marie-Rose Galès va même plus loin dans son livre Endométriose, ce que les autres pays ont à nous apprendre, en reprenant les propos du Dr Redwine, spécialiste mondial de l’endométriose et fondateur de l’Oregon Institute of Endometriosis : « Il y a des centaines de différences fondamentales et profondes entre l’endométriose et l’endomètre. Ces différences comprennent les différences génétiques entre les deux types de tissus, ainsi que les différences d’activité enzymatique, de récepteurs hormonaux, de réactivité hormonale, d’apparence microscopique et d’apparence visuelle. » (…) « Contrairement à l’endomètre, les lésions d’endométriose sont capables de s’innerver ».
L’endométriose au quotidien rime avec douleurs menstruelles, dysménorrhées, règles hémorragiques, dyspareunies, infertilité, douleurs à la défécation, troubles urinaires, troubles neuropathiques, douleurs lombaires, fatigue chronique, soit une farandole de symptômes qui sont propres à chacune puisque l’on dit qu’il existe autant d’endométrioses qu’il existe de femmes atteintes.
Cette pathologie est encore bien trop peu connue, ancrée dans les bons vieux schémas issus de l’ère Freudienne (NB : on la nommait « hystérie » à l’époque), et engluée dans une couche persistante de patriarcat. Il en résulte une longue errance médicale d’en moyenne 7 ans afin d’arriver à un diagnostic qui tombe bien souvent comme un soulagement d’enfin savoir quelle est le nom de ce mal qui nous ronge.
Quelle est la cause de l’endométriose ?
Là encore, bien trop peu de recherches ont été effectuées à ce jour, et il n’existe donc pas de réponse bien arrêtée mais plutôt différentes hypothèses dont voici les principales.
La théorie du Dr John Sampson selon lequel l’endométriose proviendrait d’un reflux menstruel par les trompes de Fallope au lieu de s’écouler entièrement par le vagin.
Idée très implantée en France mais qui ne fait pas l’unanimité à l’échelle mondiale étant donné les recherches récentes sur le sujet et notamment le fait évoqué plus haut que les lésions d’endométriose sont différentes des cellules d’endomètre.
La théorie métaplasique pour laquelle la source de l’endométriose se trouve au stade fœtal, lors de la formation du tissu embryonnaire qui donnera le péritoine. L’endométriose serait donc existante depuis la naissance, mais activée à la puberté lorsque les œstrogènes prennent place au cours du cycle menstruel. Cette théorie s’appuie sur différentes études scientifiques comme celles du Pr Signorile et du Dr Redwine qui ont respectivement démontré la présence de lésions d’endométriose sur des fœtus, ainsi que dans de rares cas, sur des hommes.
Les pistes environnementales, génétiques, ainsi que les hypothèses multifactorielles sont elles aussi étudiées.
Une chose semble certaine, c’est une pathologie qui se développe sous l’influence de nos œstrogènes, hormone prédominante en début de cycle menstruel, donc qui a tendance à affecter principalement des femmes en période fertile.
Néanmoins, la maladie créé aussi des lésions qui, comme évoqué précédemment, peuvent s’innerver, ainsi que des adhésions tissulaires. Ces deux maux peuvent alors rester douloureux même lors d’une grossesse ou de la ménopause.
Le discours affirmant que la grossesse et la ménopause soignent l’endométriose est donc là aussi une idée reçue !
Quel est le traitement contre l’endométriose ?
La question n’est pas simple puisqu’il est aujourd’hui considéré que cette pathologie chronique ne se guérit pas mais ne perdez pas espoir, la naturopathie a plus d’un tour dans sa boîte à outil pour vous aider à diminuer, voire faire disparaître les symptômes.
À ce jour, l’allopathie propose deux options : la prise d’hormones de synthèse, qui met la maladie en sommeil mais ne la guérit pas, et la chirurgie qui laisse des traces tant physiques qu’émotionnelles et doit être effectuée par un spécialiste de l’endométriose afin de fonctionner par exérèse totale, et de préserver la réserve ovarienne.
Il y a là aussi autant d’avis et de réactions à ces propositions qu’il n’y a de femmes atteintes d’endométriose. Néanmoins ces deux options ont le mérite d’exister et permettent à des milliers de femmes de ressentir un mieux-être au quotidien.
Face à ce manque de solutions, nombreuses sont celles qui s’interrogent à propos de l’impact de leur mode de vie sur leurs symptômes, qui voient leurs douleurs diminuer lorsqu’elles s’autorisent à être un peu plus slow, et leur énergie revenir en flèche lorsqu’elles invitent les bons aliments dans leurs assiettes.
Et c’est là que la naturopathie entre en jeu !
Quelles sont les techniques dans la boîte à outils du ou de la naturopathe ?
Commencer avant tout par chouchouter son système digestif car c’est au duo foie-intestins qu’incombe la tâche de dégrader et éliminer les hormones qui ne sont plus fonctionnelles dans notre corps, et donc de maintenir les œstrogènes à un niveau d’équilibre absolu et relatif.
Les intestins ont également un rôle à jouer sur le niveau d’inflammation du corps et l’état du système immunitaire comme l’explique le Dr Xavier Campana, co-fondateur de La Maison du microbiote : « Ce qui favorise la maladie est la rupture du dialogue harmonieux entre l’hôte, son intestin et son microbiote. Ceci déclenche une perte de la perméabilité sélective, une altération du mucus protecteur et la stimulation du système immunitaire et de l’inflammation qui l’accompagne ».
Alors, au menu : du vert, des fibres, des infusions de citron et romarin, un minimum d’aliments inflammatoires (les aliments industriels, les produits laitiers, le gluten, le sucre, les charcuteries, l’alcool, le café etc.) et bien d’autres conseils qui vous seront proposés de manière individualisée dans le cadre d’un suivi naturopathique.
Il serait également intéressant, par principe de précaution, de limiter les aliments dits « œstrogen-like » dont la consommation pourrait mimer les œstrogènes dans notre organisme. Deux écoles s’affrontent à ce sujet, ceux qui estiment que ces aliments augmenteraient la concentration en œstrogènes dans le corps, et ceux à l’inverse qui pensent plutôt que ces molécules vont prendre la place de nos propres œstrogènes sur les récepteurs et en diminuer donc l’action.
Les études ne me semblent pas suffisamment unanimes à ce jour pour pencher d’un côté ou de l’autre, alors ne nous alarmons pas à ce sujet. C’est à vous de voir quel est votre ressenti et si vous ressentez le besoin ou non de lever le pied sur le soja, le persil, le houblon, la sauge entre autres.
Une phrase que j’aime beaucoup dit « si l’on n’entend pas son corps chuchoter, il devra se mettre à crier ». Alors tendez l’oreille, ralentissez le rythme pour vous octroyer des moments de pause, de reconnexion à votre corps et à votre intimité.
Diminuer son niveau de stress est primordial car celui-ci perturbe grandement nos hormones de femme, notamment en puisant dans nos réserves de progestérone, hormone présente principalement en 2e phase du cycle menstruel, pour produire du cortisol, hormone de réaction au stress, et permettre ainsi à notre corps de faire face au stress chronique qu’il vit. Il en résultera parfois un déséquilibre relatif entre nos deux hormones féminines : progestérone et œstrogènes, au profit de cette dernière. Or vous savez désormais quel est son rôle dans l’évolution de l’endométriose et de ses symptômes.
La gestion du stress peut passer par tout un tas de pratiques de psycho-relaxation comme la méditation, le mouvement doux quotidien, des onctions du corps aux huiles végétales tièdes, des promenades en nature, pourvu que la méthode choisie vous parle à vous.
Et on veillera du même coup à limiter les excitants (sucre, café, thé, alcool, tabac), qui agissent à peu de choses près comme le stress dans notre organisme.
L’hydrologie regorge elle aussi d’astuces pour soulager les douleurs : bouillotte chaude, bains chauds, bains dérivatifs, auto-massage du ventre avec un mélange d’huile essentielle de camomille romaine et d’huile essentielle de basilic à méthylchavicol dans une base d’huile végétale de ricin (assurez-vous bien que vous n’y être pas allergique et ne dépassez pas 5% d’huile essentielle dans votre mélange), infusions de framboisier, alchémille et éventuellement gattilier en 2e partie de cycle. N’hésitez pas à prendre conseil sur ces différentes options qui s’offrent à vous.
Enfin, il peut être intéressant en parallèle de ce travail de terrain, de vous questionner sur votre rapport à la féminité, votre place en tant que femme, l’héritage féminin transmis par votre lignée. Différents thérapeutes peuvent vous aider dans ce cheminement émotionnel.
De qui s’entoure le ou la naturopathe pour cet accompagnement ?
La naturopathie étant en quelques sortes la clef d’entrée des médecines dites alternatives et naturelles, le praticien de santé naturopathe travaille main dans la main avec d’autres thérapeutes pour vous accompagner de la manière la plus holistique et efficace possible.
Dans l’idéal, le suivi se fait en lien avec le ou la gynécologue qui vous suit, et éventuellement le.la chirurgien.ne si une opération est à prévoir.
L’ostéopathie est également très recommandée car elle assure une bonne mobilité des organes du petit bassin, et donc une circulation optimale du sang, de la lymphe, de l’énergie, dans cette zone bien souvent comprimée par nos jeans slim. Vous pouvez également vous tourner vers quelqu’un qui pratique l’ostéopathie en intra-pelvien pour une ouverture sur les mémoires Transgénérationnelles.
La pratique d’exercice physique doux visant à étirer la zone du petit bassin et notamment le psoas, favorise la circulation sanguine dans cette zone et vous reconnecte à votre corps. Cela peut passer par du yin yoga, ou du yoga des hormones par exemple.
J’aime également beaucoup la kinésiologie qui à travers différentes contractions corporelles permet de laisser s’exprimer le corps et identifier d’éventuels blocages d’énergie ou d’émotions dans notre vécu.
Enfin, si vous connaissez un stress important, voire du stress post-traumatique, l’EMDR et l’hypnothérapie sont de vrais alliés.
Allez, je vous partage quelques astuces et ressources pour la route :
1️⃣ L’épisode de mon podcast Healthy Living réalisé avec Marie-Rose Galès, patiente experte qui fait bouger les lignes.
2️⃣ L’application Follow metrios pour suivre ses symptômes et ressentis
3️⃣ Un calendrier lunaire pour vous reconnecter à votre nature cyclique.
4️⃣ Les livres de Marie-Rose Galès : Endosexo et Endométriose, ce que les autres pays ont à nous apprendre.
5️⃣ Participer à un cercle de femmes pour se familiariser avec sa féminité.
6️⃣ Suivre des comptes instagram sur le sujet : @endofrance, @infoendometriose, @lelabdelendo, @superendogirl, @en_d0uceur
Vous l’aurez compris, concernant l’endométriose il semble essentiel de tordre le cou à bon nombre de fausses idées sur le sujet et de s’informer sans cesse, pour obtenir une meilleure compréhension de cette pathologie mais surtout une meilleure prise en charge de ses symptômes et in fine un accompagnement optimal des femmes qui en souffrent.
Le chemin est encore long, mais les consciences évoluent, les tabous tombent, et puisque nous sommes une femme sur dix, parlons-en sans plus attendre pour faire connaître et reconnaître nos maux !
Marion Pezard
Naturopathe #madeincenatho et aromatologue, spécialiste des troubles du féminin, membre de l’OMNES et fondatrice du podcast « Healthy Living ».
💌 Son mail : marion@healthyliving-podcast.com
🔎 Son site : https://www.healthyliving-podcast.com/naturopathie
🎧 Son podcast ultra réjouissant : Healthy Living Podcast
Références :
Endométriose, ce que les autres pays ont à nous apprendre, Marie-Rose Galès
Dr Redwine David, 100 questions & answers, Jones and Bartlett publishers, 2009.
Signorile P.G., Baldi F., Bussani R., Viceconte R., Bulzomi P., D’Armiento M., D’Avino A., Baldi A., Embryologic origin of endometriosis : analysis of 101 human female fetuses, Journal of Cellular Physiology 2012, vol.227, n°4, p. 1653–1656.
Endometriosis and pelvic pain, Dr Susan Evans & Deborah Busu
Episode de podcast « Endométriose » sur Healthy Living, Marion Pezard & Marie-Rose Galès.
https://www.inserm.fr/information-en-sante/dossiers-information/endometriose
https://www.lelabdelendo.com/blogs/infos/quel-lien-peut-il-y-avoir-entre-microbiote-endometriose